Bolivie : le Sud-Lipez et le Salar d'Uyuni, 4 jours extraordinaires !!!
Nous avons abandonné la voiture côté argentin à La Quiaca et nous avons passé la frontière à pied. Mais sitôt en territoire bolivien, Marie s'est aperçue qu'elle avait oublié son petit sac dans la voiture avec ses quelques sous apportés par la petite souris et son épine de cactus fétiche. Ensuite, c'est Margaux qui a laissé nos trois housses de protection jaunes sur un mur côté argentin (elle a dû repasser la frontière pour aller réparer sa bêtise). Bref, tout commençait bien en Bolivie !! "Essayons d'être concentrés les enfants !"
Après avoir changé nos derniers pesos argentins en bolivianos, nous avons marché en direction de la gare routière indiquée sur notre plan... mais une fois sur place : point de gare routière, elle avait été déplacée à plusieurs kilomètres de là !!! Bon et bien, taxi alors ! A peine arrivés à la nouvelle gare routière, nous avons été alpagués par des vendeuses qui hurlaient "Tupiza Tupiza", ça tombait bien, c'était notre destination. Nous voilà chargés à bord d'un minibus, nos sacs sur le toit. A l'intérieur, ça sentait fort (les gens mangeaient à la main une sorte de mixture de haricots gluants dans un sac plastique).
Arrivés à Tupiza, nous avons été plongés dans une ambiance totalement différente de l'Argentine : des petits taxis, des femmes avec leurs grands jupons, leur chapeau et leur chargement sur le dos dans un tissu coloré. Ce chargement pouvait être alternativement de la nourriture, de la paille, du maïs ou même un enfant !
Après avoir booké (grâce à Patrick de Salta qui nous avait recommandé l'agence) notre tour dans le sud Lipez pour 4 jours et 3 nuits, nous sommes partis à la découverte du marché de Tupiza et il nous a fait penser aux marchés d'Asie avec ses étals, ses minuscules boutiques et ses cantines.
La veille du départ du tour, nous avons fêté l'anniversaire de Blandine qui, très enrhumée depuis Salta, avait passé sa journée au lit à se reposer pour bien appréhender le périple de 4 jours.
Nous sommes partis à 7h du matin de Tupiza après avoir fait la rencontre de Nico notre chauffeur et Lydia notre cuisinière. Nous sommes montés à bord de du 4x4, nos sacs sur le toit cachés sous une bâche à cause de la poussière à venir. A peine sortis de Tupiza, nous avons été d'emblée plongés dans de beaux décors et nous avons découvert nos premiers villages, perdus au milieu de nulle part, les femmes élevant les lamas, les hommes travaillant essentiellement dans des mines artisanales de cuivre ou d'or.
Nico ne parlait qu'espagnol mais il s'est adapté à notre niveau, et Pierre a globalement tout compris de ses explications. Nico a été d'une gentillesse incroyable, il n'a eu de cesse de nous donner des informations et pour assurer une bonne ambiance dans la voiture, nous avons partagé nos musiques, alternant entre ses goûts musicaux et les nôtres. Durant cette première journée, nous avons croisé de nombreux animaux (lamas essentiellement et quelques ânes) broutant dans des paysages d'altitude superbes.
Pour notre première pause-déjeuner, nous nous sommes arrêtés dans un site exceptionnel (attention, nous n'allons utiliser que des superlatifs pour tout cet article !) : la Ciudad del Encanto, un ensemble rocheux fascinant façonné par le vent et la pluie. C'est à ce moment que nous avons fait la connaissance de Sandy, Yannick et Julie, trois trentenaires qui ont été l'autre belle rencontre de ces 4 jours. En fait, nos deux véhicules se suivaient et nous avons partagé les arrêts, les soirées et les repas avec eux.
Nous avons poursuivi notre route et rencontré un lama avec un sac plastique accroché sur le dos. Pourquoi ? A priori, c'est un marquage pour repérer les femelles gestantes ou en chaleurs.
Les paysages désertiques, entrecoupés de ruisseaux aux couleurs étonnantes se sont succédés jusqu'à arriver aux ruines d'un village colonial : les espagnols y exploitaient les incas. Nous étions à ce moment-là à 4690 mètres d'altitude et tout allait bien. Nous sommes partis marcher dans les ruines et nous n'étions pas essoufflés, pas de maux de tête, pas de maux de ventre, bref pas de soroche, le mal de l'altitude.
Dans la voiture, nous étions au chaud, le soleil tapait à travers les vitres et notre Marie, n'y tenant plus, s'est même mise torse nu.
En fin de journée avec le soleil qui diminuait, l'air dans la voiture s'est refroidit subitement, la glace est apparue sur les ruisseaux, nous étions à présent à 4855m d'altitude. Nous avons admiré les couleurs du soleil couchant en finissant les derniers kilomètres jusqu'à notre premier logement à 4200m.
Il faisait super froid, nous avons eu droit à un goûter en arrivant vers 18h, puis le dîner nous a été servi et nous sommes partis nous coucher tôt car nous devions nous lever à 5h30 le lendemain matin. Nous étions emmitouflés dans nos vêtements techniques, dans un sac de couchage et sous les couvertures. Dehors il faisait -6°C et guère plus à l'intérieur car il n'y avait aucune isolation dans ces habitations. Il a fait très froooooooiiiiiiid. Le lendemain, nous avons pris le petit-déjeuner pendant les révisions de la voiture. Il faisait toujours super froid dehors.
Nous avions été prévenus, nous verrions plein de lamas pendant ces 4 jours. Effectivement nous avons débuté le deuxième jour par un arrêt dans une ferme où on les élève. Au moins là il n'y avait pas besoin de leur courir après pour les photographier, ils étaient dans un enclos.
La matinée s'est poursuivie avec des paysages de lagunes :
- la laguna Hedionda,
- la laguna Kollpa, qui par évaporation de l'eau permet la formation de bicarbonate de soude, utilisé comme détergent. Quand nous avons touché la poudre blanche, directement sur la lagune, nous avions la même sensation qu'avec une lessive en poudre.
La Laguna Kollpa.
Les paysages devenaient une aire de jeux irréelle pour les enfants.
Après les lagunes, place au salar de chalviri où se forme le borax, sel minéral utilisé dans les produits ménagers. Les couleurs étaient juste sublimes. Magnifique !
Avec toujours cette impression d'être seuls (c'est l'avantage de ce tour dans le sens Tupiza-Uyuni), nous avons poursuivi notre road-trip dans le désert de Salvador Dali : une étendue de sable aux couleurs chaudes, ponctuée de roches évoquant certains tableaux du peintre et encerclée de montagnes colorées.
Nous étions littéralement transportés par ces paysages semblant sortis d'un tableau. Le clou du spectacle avant de déjeuner : la Laguna Verde. Sa couleur, qui est pourtant une invitation à la baignade, est due au cuivre et à l'arsenic. Le vent était glacial à cet endroit mais la vue était à couper le souffle. Nous y avons croisé deux zorros nourris aux Oréo par les touristes.
Nous sommes revenus sur nos pas, au Salar de Chalviri, pour aller déjeuner aux aguas termales situées à 4300m. L'eau de ces sources chaudes était à 40°C et légèrement soufrée. Naturellement, nous nous y sommes baignés, c'était très très agréable. Pierre a joué les secouristes dans les vestiaires où un anglais s'était évanoui en sortant de l'eau. Il ne faut pas y rester plus de 15-20 minutes car des vertiges ou des maux de têtes peuvent apparaitre.
Nico comme les autres guides n'a pas hésité non plus à se baigner.
En remontant dans le 4x4, nous étions totalement détendus, prêts à faire une sieste. Mais pas le temps, car un phénomène naturel juste bluffant nous attendait : les geisers. En fait, c'est de l'eau chauffée par l'activité volcanique (nous étions entourés de volcans durant les 4 jours) qui remontait et sortait sous forme de vapeur ou de grosses bulles dans des chaudrons naturels de boue. Ça sentait fortement le soufre (donc l'oeuf pourri) surtout quand nous sommes passés dans les fumées, les filles ont bien mémorisé l'odeur.
La dernière étape de cette journée riche en arrêts : la Laguna Colorada. C'est un lac salé avec des îlots blancs de borax. Sa couleur marron à rouge vif est due à des algues microscopiques produisant du béta-carotène, elles sont la nourriture principale des flamants des Andes qui s'y reproduisent.
La Laguna Colorada.
Les flamants y étaient naturellement nombreux et de tout âge, l'occasion de les voir de près et de les photographier.
Après notre arrivée, des lamas se sont invités et se sont mêlés aux flamants. Une vraie carte postale de Bolivie. Nous avons adoré les couleurs, la faune, nous avons eu du mal à quitter l'endroit. Nico a fini par venir nous chercher.
La journée s'est terminée en roulant dans des paysages d'altitude désertiques jusqu'à notre second logement dans une ville sans charme. Nous y avons eu moins froid que la première nuit, mais quelle rudesse pour les populations qui vivent là !
Nous sommes repartis vers 7h30 du matin pour des décors encore différents. Nous avons été plongé dans des paysages de lave volcanique. A l'époque des éruptions, la mer était présente et les courants marins ont façonné les blocs de lave. Lorsque l'océan s'est retiré, le vent et la pluie ont continué de sculpter ces roches volcaniques. Les boliviens y voient des formes telle la copa del mundo (bien d'actualité !), nous y avons vu un coeur et même une fenêtre naturelle nous évoquant la silhouette de l'Afrique. Les habitants de ces décors de western étaient notamment des viscachas (sorte de gros chinchilla) que nous avons réussi à photographier.
Nous sommes repartis en direction de la Laguna Negra et nous avons fait une halte en chemin à la Laguna Vinto : en partie gelée, des canards marchaient sur la glace. Nous en avons profité pour photographier ces touffes d'herbe qui depuis le début du périple nous faisait penser à des trolls, surnom que nous leur avions donné.
Arrivés à la Laguna Negra, nous sommes partis pour une petite randonnée d'une heure. Elle était située dans une oasis où les lamas viennent manger (nous avons juste vu leurs crottes) et se cachait au coeur de roches volcaniques de plusieurs mètres de haut. Nous avons fait un petit peu d'escalade pour avoir une belle vue sur la lagune qui doit son nom à la couleur sombre de son eau.
En redescendant, nous avons croisé des oies andines et des chinchillas. Les cours d'eau à l'ombre était couvert de dentelle de glace.
Avant de déjeuner, nous nous sommes rendus à pied au bout d'un rocher, perché au dessus du vide pour admirer le canyon del Anaconda, surnommé ainsi par les locaux du fait de la forme en zigzag du rio qui le traverse. Attention vertige, Pierre n'a pas été au bout du promontoire.
L'Anaconda.
Nous avons fait une halte au bord d'une petite lagune et les filles ont aidé Lydia à préparer et à servir le déjeuner. Sur la route nous menant à notre dernier logement, nous avons croisé des autruches locales, appelées nandu et observé des vestiges de murs incas délimitant des champs à flanc de montagne.
Nous avons fait un dernier arrêt dans une petite ville avec de vieux trains hors service où nous avons dégusté des bières locales, deux parfums proposés : feuilles de coca ou quinoa ! Nous avons aimé les deux.
Après trois jours de route dans des déserts, lagunes, roches volcaniques et canyons, nous sommes arrivés aux portes du Salar d'Uyuni, situé à 3625m d'altitude. Il se dessinait à l'horizon en une ligne blanche, dans les couleurs du soleil couchant (c'était la pleine lune).
Le salar d'Uyuni, le plus vaste désert de sel du monde, s'est formé suite à l'assèchement progressif d'un lac préhistorique. La couche de sel fait plusieurs mètres d'épaisseur. Il possède la moitié des réserves de lithium de la planète, les entreprises chinoises sont d'ailleurs déjà sur le coup !
Pour cette dernière nuit, nous étions logés dans un hôtel de sel et, moyennant 10 bolivianos par personne, nous avons pu prendre notre première douche chaude (enfin presque, nous n'avons pas choisi la bonne salle de bains) depuis 3 jours. Il faisait très froid et après un goûter et un diner avec une soupe aux frites (Margaux a passé sa soirée en cuisine avec Lydia puis a fait des tours de magie aux cuisinières et aux guides, ça rigolait bien),
nous nous sommes couchés dans notre chambre en sel (murs en briques de sel et sol en gros sel).
Nous sommes partis le lendemain matin, dans le noir à 5h30 pour admirer, (après une heure de route dans le Salar) le lever du soleil. Nous étions tout seuls avec Nico et Lydia, sans aucune autre voiture à côté de nous, pour vivre ce beau moment.
Les filles étaient impatientes de faire des photos rigolotes, alors nous avons commencé avec maman,
puis avec papa.
Nous sommes remontés en voiture pour nous rendre à l'Isla Incahuasi, une colline entourée par le salar où poussent des cactus millénaires (le plus grand faisant 12 mètres de haut). Nous y sommes arrivés avant les autres voitures ce qui nous a permis de profiter des lieux, quasi seuls avec nos amis de 4x4. Nous avons fait une petite ballade d'une demi-heure profitant ainsi d'une vue à 360° sur le Salar.
L'Isla d'Incahuasi sur le Salar d'Uyuni.
Nous avons pris notre petit-déjeuner, face au Salar et Sandy, Julie et Yannick ont fabriqué un château de sel pour les filles.
Du coup, avec tous ces cactus, on finirait par se prendre nous-même pour ces derniers.
La voiture nous a arrêtés au milieu du Salar, sans personne d'autres autour hormis nos nouveaux amis. Leur guide a pris les choses en main pour la séquence "photos marrantes". Nous avons posé pendant plus d'une heure mais le résultat en valait la peine.
En coulisses, ça donnait ça :
pour obtenir cette pose de faux contorsionniste.
Et puis, nous avons fait nos petites photos tout seuls.
Nous avons été vraiment plongés au milieu du Salar, totalement seuls avec notre binôme 4x4. Ce n'était pas du tout la foule du Mont-Saint-Michel comme nous avions pu le lire, sûrement parce que nous avons fait le tour dans l'autre sens avec, nous pensons, une agence sérieuse.
Notre cerveau avait vraiment du mal à enregistrer que nous étions sur du sel car cette étendue blanche suggérait littéralement la neige. Mais non, impossible de faire des boules de neige.
Avant de quitter le Salar, nous avons fait un arrêt au tout premier hôtel de sel à avoir été construit ici, aujourd'hui on n'y dort plus, c'est plutôt une boutique-restaurant-musée. C'est à cet endroit que nous avons trouvé les drapeaux de tous les pays.
Derniers instants dans cette immensité blanche,
bye bye le Salar d'Uyuni.
Nous avons quitté ce décor incroyable après 4 jours inoubliables dans des paysages aussi variés que merveilleux.
Avant de repartir pour Uyuni, nous avons eu une explication sur la fabrication du sel et son empaquetage dans des sacs plastiques fermés par une immense flamme totalement maitrisée par le petit monsieur.
Arrivés dans la ville d'Uyuni, il était l'heure de dire au revoir à Nico et Lydia, notre très belle rencontre bolivienne, deux personnes tellement gentilles et attachantes, un vrai bonheur d'avoir partagé ce merveilleux périple ensemble.
Nous avons dîné avec nos amis ayant également contribué à faire de ce road trip un moment inoubliable,
puis nous nous sommes rendus le lendemain matin à la gare routière dans un froid glacial.
Dans le bus pour Sucre, nous étions qu'avec des boliviens et nous en avons profité pour observer de plus près les tresses et leur finition en laine de lama.
En quatre jours, nous avons pris une douche, porté les mêmes vêtements, fait de belles rencontres humaines et nous avons été plongés dans des paysages juste incroyablement beaux, c'est sûrement un des plus gros coups de coeur de notre voyage. EXCEPTIONNEL !!!!!