Etats-Unis : Utah State Route 12, Bryce Canyon, Zion, Las Vegas (2/3)
Après Monument Valley, nous avons pris la direction du Bryce Canyon et avons traversé des paysages impressionnants par leur gigantisme : les espaces semblaient infinis. Un des rochers s'appelait "mexican hat".
Nous avons fait halte dans la petite ville de Torrey, départ pour nous de la National Scenic Byway 12. Pour faire rigoler les enfants, nous avions réservé une nuit en roulotte ! La surprise a fait son petit effet et nous, les adultes, nous avions l'impression d'être dans la petite maison dans la prairie. Nous avons profité de la piscine, enfin un peu de détente, ça faisait du bien, les filles étaient ravies de se baigner plutôt que de devoir partir faire un trek.
Retour à la réalité pour les enfants : le lendemain, Blandine avait prévu une grande journée de randonnée pour découvrir les paysages autour de la route 12. En cette fin de voyage, nous n'arrivions plus à décoller tôt et c'est donc à 11h au lieu de 9h30 que nous avons débuté notre première ballade : Calf Creek Falls. Nous portions chacun deux litres d'eau car il faisait chaud et les panneaux de recommandations disaient même de prendre quatre litres par personne ! Le but de cette marche : rejoindre une belle chute d'eau de 39 m de haut tombant dans un large bassin faisant office de piscine naturelle. Après 1h30 de marche au milieu de falaises de grès rouge sur lesquelles nous avons pu voir des pictogrammes indiens,
nous sommes arrivés tout transpirants à la cascade.
C'était très chouette, seule Blandine s'est baignée dans l'eau très froide.
Nous avons repris la route où des pauses-photo se sont imposées tellement le paysage était beau (Blandine descendait souvent seule car une certaine lassitude des "cailloux" commençait à se faire ressentir par les autres occupants de la voiture).
Entre Boulder et Escalante (où se termine la route 12), nous avons bifurqué pour emprunter la Hole-in-the-rock-road. La route s'est alors transformée en piste, ce qui nous a rappelé la Namibie, et nous avons fait deux arrêts intéressants :
- Le Devil's garden avec ses incroyables formations rocheuses (le goût du caillou est revenu dans la voiture à cet endroit), ses arches, une aire de jeux incroyable pour les enfants. Nous y avons croisé un drôle de lézard à l'air franchement pas aimable, le grincheux des lézards.
Bref, nous avons beaucoup aimé le lieu.
- Le canyon-fente de Dry Fork de Coyote Gulch, situé encore à 20 km, toujours sur une piste de plus plus en plus chaotique, c'était le moment de rentabiliser le 4x4 : nous sommes arrivés face à un paysage désertique, tout rouge et après un peu de crapahutage (nous n'avons jamais réellement trouvé un chemin), nous étions devant un premier slot canyon, celui de Peekaboo. Nous avons tenté d'escalader l'entrée mais c'était vraiment trop dangereux avec les enfants, alors nous en avons trouvé un autre pas très loin. Ces canyons-fente ont été vraiment une belle découverte surtout pour Blandine qui les adore et qui a trainé sa petite famille pour une dernière marche. Nous y avons croisé un serpent à sonnette (sans savoir qu'une morsure était vraiment très très très dangereuse), encore juvénile à priori vue sa taille, mais nous l'avons bien entendu sonner avec le bout de sa queue quand Blandine est passée à côté de lui, sans savoir qu'il était là. Il a fallu presque l'enjamber tellement le canyon était étroit à cet endroit. Encore une fois, nous étions partis bien équipés : Margaux en tongs et Marie en chaussures de plage !
Après ces ballades le long de la route 12, nous avons dormi dans une petite ville à 30 minutes du Bryce Canyon auquel nous avons consacré une journée entière le lendemain.
Le Bryce Canyon est à l'unanimité notre gros coup de coeur. C'était d'une beauté incroyable, et pourtant, on peut dire que, depuis le début du voyage, nous en avons vu des roches de forme, de couleur, de taille diverses et variées. Lorsque nous sommes arrivés et que nous nous sommes approchés du bord du canyon (une ballade le longe, un peu comme au Grand Canyon), nous avons été étonnés de pouvoir être encore aussi émerveillés après tous ces paysages grandioses découverts depuis 11 mois. Ici, se trouvaient des cheminées de fées (ou hoodoos : colonnes de pierre comme coiffées d'un bloc plus large), des colonnes rocheuses ciselées, des arches allant du jaune orangé au rouge intense, ces nuances étant le fruit de l'oxydation des minéraux. Et au milieu de ces roches, des sapins verts ajoutaient leur touche de couleur.
Et tout ce paysage s'est formé par l'érosion : action du vent, des pluies et de la glace. L'eau s'infiltre et l'hiver elle gèle fissurant les blocs de roche. Nous étions plongés dans un décor à la limite du réel. Evidemment, pas question de rester en haut, nous sommes descendus dans le canyon (qui ressemble plutôt à un plateau calcaire ciselé par l'érosion) et avons déambulé au milieu de ces sculptures naturelles. Nous y avons vu E.T., la Reine Victoria, des arches et des "cheminées de fée". Pour profiter au maximum de l'endroit, nous avions couplé deux randonnées : la Navajo loop et le Queen's garden trail, en partant du sunset point (la remontée est alors un peu plus facile) soit 5 km dans ce décor magique, nous y avons même fait une pause-encas.
Nous avons déjeuné à l'extérieur du parc (au Subway, au moins là, nous pouvions choisir ce que nous mettions dans nos sandwiches) et sommes re-rentrés pour finir notre visite de ce merveilleux parc en voiture : nous avons roulé de point de vue en point de vue, c'était toujours aussi bluffant.
Pour finir, Pierre s'est lancé dans le dressage de corbeau (à ne pas faire, c'est interdit de nourrir les animaux sauvages !).
Après cette très belle journée, nous avons repris la route jusqu'à notre hôtel à 30 minutes du Zion. Comme pour le Bryce, nous avions prévu une journée pour le Zion avec une seconde nuit dans le même hôtel, le trajet jusqu'à Las Vegas étant trop long pour être enchaîné dans la même journée. C'était joli, mais nous n'avons sûrement pas profité de ce parc comme il fallait. Tout d'abord, nous étions en crise interne car Margaux avait perdu un objet important pour elle, Pierre avait une reprise de sa cruralgie et re-marchait comme un vieillard, et enfin, le temps ayant été orageux la veille, la ballade que Blandine souhaitait faire était fermée, du moins c'est ce que nous pensions. Nous sommes donc arrivés en fin de matinée dans le parc, nous avions dû laisser la voiture à l'extérieur sur un parking à 20$ (nous n'avons pas trouvé moins cher) et prendre une navette. Une fois à l'intérieur du Zion, nous avons à nouveau dû prendre un bus pour aller de point de vue en point de vue. Il y avait un monde fou, et donc de l'attente, bref ça ne démarrait pas super.
Une fois arrivés à l'endroit choisi, le Riverside walk, un chemin longeant la Virgin river qui a creusé le canyon, nous nous sommes aperçus que la randonnée que Blandine voulait effectuer (les narrows : on marche dans la rivière là où le canyon se rétrécit) était finalement ouverte mais à nos risques et périls. Mais bon, nous n'avions pas pris nos chaussures pour marcher dans l'eau, sur des cailloux très glissants. Une déception vite apaisée quand nous avons vu la foule de gens s'engouffrant entre les pans de montagnes.
Nous avions prévu deux autres ballades mais nous avons fini par laisser tomber, la motivation n'était plus présente. Nous sommes donc repartis après un déjeuner dans le parc. Nous sommes rentrés à l'hôtel préparer nos sacs et nous sommes juste ressortis dîner (souvent nous mangions dans la chambre le soir : fruits, yaourts et salades (et pâtes pour Marie), ça nous permettait de limiter les hamburgers et les pizzas). Il y avait juste à côté du restaurant une Harley revisitée trois places et les filles ont joué les motardes.
Le lendemain matin, soit le 15 Juillet, au petit-déjeuner, nous étions en effervescence, en attendant la finale de la Coupe du Monde. Pas question de rater ça, malgré le manque d'intérêt total des américains pour ce sport. Heureusement, une autre famille française a partagé ce moment avec nous, nous nous sommes sentis moins seuls. Nous étions installés dans le hall de l'hôtel,
manifestant notre joie devant des standardistes et des équipes de nettoyages imperturbables. Nous avons fait une photo-souvenir en l'honneur de cette victoire mémorable.
Quand nous avons quitté l'hôtel, aucune ambiance à l'extérieur alors que nous avions juste envie de crier : "On est champions du monde".
Nous avons pris la route de Las Vegas, ville construite en plein désert, pour un changement absolument radical d'ambiance et de décor.
Les filles étaient impatientes d'arriver car Pierre avait réservé une chambre à l'hôtel Circus-Circus, un des hôtels bon marché du Strip de Las Vegas et adapté aux familles, avec un parc d'attractions indoor et des toboggans aquatiques outdoor. Le rêve pour elles quoi !
C'est là que nous avons passé notre premier après-midi. Parents comme enfants, nous nous sommes tous bien amusés dans ces toboggans donnant un peu de sensations tout de même.
Le soir, nous sommes allés manger dans downtown, le vieux centre-ville de Las Vegas, avec ses casinos décrépis qui puaient la clope, ses mendiants (des vétérans notamment) au milieu des badauds et Fremont Street, sa rue principale aux nombreuses animations et aujourd'hui recouverte du plus grand écran géant du monde. Des touristes circulaient à toute allure aux dessus de nos têtes suspendus à des câbles. L'atmosphère était étrange, un peu glauque et nous ne nous y sommes pas sentis particulièrement à l'aise, avec nos enfants. (voir le paragraphe "pas classe" plus bas)
Le Circus Circus, notre hôtel, avait une petite capacité de 4000 chambres rien que ça (!), un casino sur le thème du cirque avec acrobates au dessus des machines à sous et attractions de fête foraine pour les enfants, et un parc d'attraction installé sous une bulle climatisée de 5 ha : l'Adventuredome. Nous y avons fait El Loco tous les quatre, un rollercoaster avec sa petite chute à la verticale, c'était le premier vrai grand-huit pour Marie qui était trop petite pour faire celui de Tokyo. Elle a adoré. Blandine, elle, a crié.
El Loco.
Les jours suivants, nous avons arpenté le Strip, le fameux boulevard bordé d'hôtels-casino plus gigantesques et délirants les uns que les autres. Nous avons donc "d'une certaine façon" visité :
- Paris et la Tour Eiffel, l'Arc de Triomphe, le Palais Garnier, l'aérostat des frères Montgolfier, au Paris-Las Vegas,
- Venise et le palais des Doges, le pont du Rialto, les canaux (à l'eau translucide couleur piscine), au Venice,
- la Rome antique, au Caesars Palace,
- New York et la statue de la Liberté (avec son tee-shirt publicitaire !), au New York-New York,
- Les lacs du Nord de l'Italie au Bellagio,
... mais la pyramide et le Sphinx d'Egypte
et le château fort de l'Excalibur étaient trop loin à pied, nous les avons vus en voiture. Il faut dire qu'il faisait une chaleur atroce dans cette ville (42°C le jour, 35°C la nuit, et ici on ne parle pas de canicule, mais en même temps la climatisation est partout), ils brumisaient même certains trottoirs pour refroidir l'atmosphère (!). Obligés pour se rafraîchir de se réfugier dans les galeries commerçantes des hôtels, glaciales elles. Selon le standing des hôtels, les styles des magasins et les marques variaient du tout au tout. Au Bellagio, c'était plutôt Chanel, au Circus-Circus, c'était plutôt bas-résille vulgaires ! Nous avons croisé des faux-ciels impressionnants (vraiment l'impression d'être dehors),
des robots qui préparaient les boissons,
des escalators incurvés au Caesar Palace,
et bien sûr des limousines (devant le Caesar Palace).
Nous avons profité de notre présence dans la ville pour assister à un spectacle non-itinérant du Cirque du Soleil : "O" où les acrobates étaient sur terre, dans l'air et sur/dans l'eau. Bien sûr, cela coûte une fortune, mais nous aimons beaucoup les spectacles de cette compagnie (nous avons déjà vu Saltimbanco, Allegria, Corteo et Varekaï) et on ne peut voir "O" qu'ici à Las Vegas. C'était merveilleux.
En sortant du spectacle, la nuit était tombée et nous avons pu admirer les fontaines du Bellagio.
Les beaux hôtels de Las Vegas étalaient toute leur splendeur avec leurs néons multicoores.
Mais Las Vegas, c'est aussi parfois "pas très classe", voire "pas classe du tout, du tout, du tout" ! Entre les chanteurs en slip, les Marylin barbues à perruque proposant des lapdances en pleine rue, les fausses-policières sexys prêtes à vous passer les menottes ou les mariées en pleurs, encore saoules, au maquillage dégoulinant assises sur un banc au petit matin, nous nous sommes dit que cette ville était tout de même bien étrange.
Nous nous sommes dits que trois nuits étaient suffisantes avec les enfants, toutes candides. Marie nous a demandé "mais ce sont des vraies policières les dames en culottes ?" et Margaux voulait savoir si les dames dénudées sur le camion étaient une publicité pour des mères porteuses !!!
Nous n'avons toujours pas compris l'origine de sa question, mais cela nous a bien fait rire.
Avant de quitter Las Vegas, nous avons fait une dernière attraction : le rollercoaster de l'hôtel New York-New York. Bon, ba... Blandine a crié tout le long.
Bilan : une ville extravagante, déroutante, parfois dérangeante, mais qui ne nous aura pas laissés indifférents.